Référente agricole depuis septembre 2022, Virginie Leroy voit dans ce tiers temps l’opportunité d’apporter son expérience et ses connaissances dans un secteur frappé de plein fouet par la crise sanitaire, la flambée des coûts des intrants et la canicule. En binôme avec son conjoint David, la Mousquetaire crée des passerelles entre la ferme familiale et leurs trois points de vente alimentaires.
Droite dans ses bottes, Virginie Leroy fonde ses actions sur des échanges sincères emplis d’humain et de bienveillance.
« À Saint-Nicolas-d’Aliermont, petite commune de 3 500 habitants, la fidélisation repose sur la satisfaction des collaborateurs, des clients et des parties prenantes. » L’ancienne clerc de commissaire-priseur a d’abord été responsable des fruits et légumes, puis chef de magasin dans ce point de vente familial, avant d’en prendre les rênes en 2006 avec David, son mari.
« Je l’ai repris à mes parents, aujourd’hui persévérants. Nous souhaitions concrétiser des projets de notre propre chef en devenant entrepreneurs », justifie la Mousquetaire. Par la même occasion, le couple reprend le Netto de Saint-Nicolas-d’Aliermont puis, les affaires allant bon train, l’Intermarché de Longueville-sur-Scie (76). La gestion de trois points de vente leur permet de mutualiser certains coûts et d’allouer plus d’espace aux producteurs locaux. « Certains sont d’abord réticents à l’idée de travailler avec la grande distribution, puis se laissent convaincre lorsqu’on leur explique la démarche. Nous voulons travailler en bonne intelligence et en circuit court. Leur prix est le nôtre. »
Ces apiculteurs, brasseurs, producteurs de farine ou fabricants de savon sont agréablement surpris par leurs connaissances des problématiques agricoles. Lorsqu’ils ne sont pas sur le carrelage, les deux Mousquetaires investissent leur énergie sur la terre qu’ils cultivent.
« Retrouver les liens de la terre »
On a coutume de dire que dans le monde agricole les terres ne se cèdent pas, elles se transmettent. Il en va de même pour la ferme des Tilleuls, en Seine-Maritime. « C’est un travail d’équipe. David, mes parents et moi-même sommes associés dans cette ferme », précise Virginie. Son père Joseph Roger a encore le souffle et la poigne pour l’aider.
À ses côtés, David, lui aussi petit-fils d’agriculteur, se consacre essentiellement à la préparation des terres. « Il est heureux de retrouver les liens de la terre », se réjouit Virginie, concentrée sur l’élevage de leurs 120 bovins. En 2021, la ferme a produit 460 tonnes de blé, 161 tonnes d’orge et 85 tonnes de lin sur près de 146 hectares, auxquels il faut ajouter 4 hectares de maïs destinés à l’alimentation du bétail. « Nous pratiquons une agriculture raisonnée reposant sur le juste équilibre entre les besoins de l’exploitation agricole et l’impact environnemental », précise Virginie. La totalité de la viande alimente leurs rayons boucherie.
Un tiers temps qui fait sens
Cette proximité avec le monde agricole prend une tout autre dimension depuis qu’elle occupe son nouveau tiers temps. « En tant que référente agricole, j’ai pour mission d’animer le réseau régional et de me positionner comme une interlocutrice de proximité sur les sujets ayant trait à l’agriculture. Cela nécessite d’être dans le dialogue et l’anticipation d’éventuelles crises. »
Les comités régionaux des interprofessions, les manifestations et salons agricoles et les rencontres politiques jalonnent son emploi du temps. Forcément, la crise économique, conjuguée aux mauvaises récoltes, rend certains sujets plus complexes que d’autres. « Je serais heureuse, à mon petit niveau, de faire avancer les choses. »